martes, 24 de abril de 2012

La mondialisation de l’indifférence



Asma Lamrabet




L’actualité mondiale défile devant nous. Implacablement. 

Les événements s’enchaînent et nous n’avons plus le temps de percevoir les faits dans leurs 
profondeurs tellement on nous submerge d'actualités et de nouvelles contradictoires, fausses 
ou réelles… Nous n’avons plus le temps, devant l’intensité des mots, des titres et descommuniqués, de discerner le vrai du faux, d’analyser, de réfléchir, de penser…La culture médiatique mondialisée nous impose un seul mode de pensée, celui de la réactivité. Tout est devenu réactionnel : les sentiments, la ferveur, la tristesse, l’impotence…et même l’indifférence ! On réagit à chaud. Il y a de l’émoi, le temps d’une information dramatique mais très vite et comme à chaque fois on retombe dans l’usure de l’indifférence. 

Au Sud comme au Nord, c’est la même désillusion qui règne, la même précarité morale et la même amertume qui semble habiter les consciences. On tue à petit feu à Gaza, on affame des populations innocentes, on avorte cruellement de l’aide humanitaire...Le monde se révolte, crie, se déchaîne, le temps d’une réaction …tellement humaine… Mais, dès le lendemain, déjà, c’est la même vague d’indifférence uniformisée qui revient et aplatit ces soulèvements récurrents… 

Comme si de rien n’était… 

La culture mondialisée a une force impitoyable, elle sait faire diluer de façon insidieuse dans l’infini du champ médiatique, la moindre révolte, le moindre réveil des consciences…Elle nous offre l’oubli, l’amnésie et la démission intellectuelle comme réconfort pour nos âmes. 

La mondialisation de l’indifférence nous offre en prime time tous les jours des étalages culturels sur les différences et les identités exotiques. Mais sournoisement elle nous berne avec la même musique, la même publicité, les mêmes divertissements. 

Une violence uniformisée qui, à travers toute la technologie « ultramédiatisante » envahit notre quotidien et agresse notre intimité au nom du droit et de la liberté. Elle nous vend à crédit ou à bas prix des illusions, des concepts forgés, des (dés)- informations et du « prêt à penser » que notre imaginaire, apathique, emmagasine avec une facilité déconcertante. 

Il y a désormais des « normes mondialisées » qui régissent notre quotidien et il devient pratiquement impensable d’en sortir tellement on nous fait croire que l’on est dans le tort. 

Nous avons tort de penser autrement, de refuser les utopies et les injustices. Nous avons tort de ne pas avoir les mêmes rêves. 

La mondialisation de l’indifférence, c’est aussi cela, vendre des rêves inaccessibles, diffuser une culture standardisée et vidée de sens aux plus démunis de cette planète. Au nom de la modernité, on mondialise des illusions pour les gens du Sud, on forge des barrières identitaires au Nord, on érige les assassins en victimes et les victimes en bourreaux… On exploite au nom du libre échange, on colonise au nom de la démocratie, on affame au nom des droits humains… 

Il y a sans doute beaucoup de dégâts humains forgés par cette culture uniformisante, par cette indifférence mondialisée qui s’impose presque naturellement, surtout chez les jeunes générations, qui semblent complètement déboussolées par cette absence universelle de repères. Mais c’est là une récurrence de l’histoire de la civilisation humaine. Le rapport de force entre une élite dominante et les opprimés de la terre. Ce ne sont finalement que les méthodes et les stratégies de domination qui changent. 

Il est vrai que l’indifférence peut faire des ravages pour un temps, imposer le silence, faire taire les voix de la sagesse, le temps que perdure l’hégémonie dominante, mais elle ne pourra jamais tuer les consciences humaines. 

Jamais. 

Tout simplement parce que le Créateur de ce monde les a créées libres et rebelles à l’injustice de l’indifférence. 



viernes, 13 de abril de 2012

Maroc : pour l'abrogation de l'article 475 du code pénal


Maroc : un procès symbolique pour l'abrogation de l'article 475 du code pénal

Lundi 9 Avril 2012

Le 13ème tribunal de la femme, tenu samedi à Casablanca (Maroc) par des associations féminines, a plaidé pour l'abrogation de l'article 475 du code pénal, qui permet aux violeurs d'être à l'abri de poursuites judiciaires en épousant leur victime. 



Consacré au "phénomène du mariage forcé des mineurs et le mariage au violeur", ce tribunal symbolique, placé sous le thème "arrêtons l'infanticide de nos filles", a appelé à l'amendement des articles 20 et 21 du code de la famille relatifs au mariage des mineurs et à l'harmonisation des lois nationales aux dispositions de la constitution et aux conventions internationales. 

En considérant le viol des mineurs comme une torture, le tribunal a appelé à la décriminalisation de l'avortement, à l'accélération de la mise en place de l'Instance de parité et de lutte contre toutes formes de discrimination, exhortant l'état à assumer ses responsabilités en matière de sensibilisation à l'égalité et de lutte contre tous les moyens de nature à encourager le mariage des mineurs, notamment l'abandon scolaire et la marginalisation. 

Le tribunal symbolique a également insisté sur le renforcement de l'éducation aux valeurs d'égalité, de justice et de respect de la différence à travers les programmes pédagogiques et l'amélioration de l'image de la femme dans les médias, soulignant que ce dossier, qui a suscité une polémique avec l'affaire d'Amina Filali, "ne sera clos qu'avec la satisfaction de toutes ces revendications". 

Le procès, initié par l'Union de l'action féminine et le réseau Annajda pour l'assistance des femmes victimes de violence, en collaboration avec l'association espagnole Red Activas avec le soutien de l'agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID), a été marqué par des témoignages émouvants des parents d'Amina Filali, la jeune fille qui s'est suicidée après avoir été contrainte d'épouser son violeur, ainsi que de filles mineurs mariées et victimes de violences. 

Ce procès s'est déroulé en présence d'acteurs de la société civile, des défenseurs de droits de l'homme, des parlementaires et des journalistes.

Lundi 9 Avril 2012 - 01:22